Mars 1247, le roi Louis IX affranchit les serfs de Nanterre

Charte_affranchissement_serfs_Nanterre_1247Le texte, ci-contre, signé du roi de France Louis IX, plus connu sous le nom de Saint-Louis, affranchit les serfs de Nanterre qui dépendaient de l’abbaye Ste-Geneviève de Paris, seigneur du lieu.
Au XIIe siècle, le serf n’a aucun droit et il ne peut sortir de sa condition héréditaire qui se transmet par la mère, que par l’affranchissement. Le serf est la propriété du Roi, de l’église ou du seigneur qui l’achète, le vend ou le lègue. Les serfs étaient privés du droit d’héritage et, à leur décès, tout ce qui leur appartenait revenait au roi, à l’église ou au seigneur.
Bien qu’à partir du XIIIe siècle la plupart d’entre eux furent affranchis, devenant ainsi des hommes libres ils dépendaient économiquement du seigneur en lui payant de nombreuses charges et redevances.
serf_jacques_bonhommePar l’ordonnance du 8 août 1779 Louis XVI abolit le servage sur les domaines royaux de France.

Texte de la Charte de mars 1247

«Louis, par la grâce de Dieu, roi de France. Savoir faisons à tous présents et futurs que nous avons vu les lettres de nos chers les abbé et couvent de Sainte-Geneviève de Paris, écrites en ces termes : A tous ceux qui verront ces présentes lettres, Thibault abbé de Sainte-Geneviève de Paris et tout l’humble couvent de cette même église, souhaitent le salut éternel dans le Seigneur.
Savoir faisons que d’un commun accord et par la volonté de nous tous, nos hommes de la ville de Nanterre, à savoir :
Jean Lesor ; Hersinde son épouse ;
Evrard Germond, Hersinde son épouse ;
Henri Foucher ;
Rosselin Gautier ; Eremburge, son épouse ;
Barthélemy Florrois ; Marie, son épouse ;
Clément Hubert Ameline, son épouse ;
Raoul Fouatier, Marie, son épouse ;
Eremburge la Gautier ;
Jean d’Argenteuil ; Marie, son épouse ;
Richilde du Moûtier ; Yvard, son fils ;
Etienne Goinart ; Ameline, son épouse ;
Lambert, Marie, son épouse ;
Crépin ; Marie, son épouse ;
Jean Chevalier ; R, son épouse ;
Hersinde le Chevalier ;
Hersinde la Homete ;
Emeline la Homete ;
Jean Potier ; Adeline, son épouse;
Guilbert Roart ; Laurence, son épouse;
Raoul Masson ; Eremburge, son épouse ;
Henri Poileharte; Marie, son épouse Garraud ;
R, son épouse ;
Thomas le Grand ; Marie, son épouse ;
Richilde la Durondèle ;
Lambert Chevalier ;
Hersende de cour ;
Evrard du Martrai ; Marie, son épouse ;
Evrard Portriois ; Richard ; Florie, son épouse ;
Henri Potier ; Genceline, son épouse ;
Jeanne Goubart ; Eremburge, son épouse ;
Richard Goubart;
Simon Poileharte ; Jeanne, son épouse ;
Richilde veuve d’Hugues Thierry, et maintenant veuve de Gaudin Lemoine ;
Simon Lemaire ; Hersende, son épouse ;
Henri ; Odeline, son épouse ;
Geoffroy Chevalier ; Odeline, son épouse ;
Guillaume Leprévôt ; Marie, son épouse,
Philippe Goubard ; Odeline, son épouse ;
Ansefle Fournier ;
Honoré du Martrai ; Pétronille, son épouse ;
Pierre, frère de Simon Lemaire ;
Marie la Portriois et Alinde la Portriois ; Marie, sa soeur ;
Guillaume Roart ;
Auburge la Portriois;
Hamons;
Henri Masson ; Aveline, son épouse ;
Adan Tissier ; Geneviève, son épouse ;
Aveline, fille d’Evroin Chardeporc et leurs héritiers naturels nés ou à naître,

affranchissons et libérons entièrement de tout joug et de tout hommage en raison de leur servitude.
Nous-mêmes, et notre église de Nanterre conserverons tous nos droits de seigneurie, justice, censives, coutumes, redevances, usages, corvées, tailles et tout ce qui pourrait être exigé pour l’armée du roi notre maître et de toutes les autres choses que nous avons coutume de recevoir et de percevoir dans ladite ville. De plus, il a été convenu entre nous et lesdites gens et il a été accordé que, à notre ordre et à notre réquisition, pour ce qui concerne le secours et les subsides dûs à notre église, à nos biens et à nos personnes, à la défense de nos droits à la réparation des torts et des dommages que l’on ‘rus ferait, les gens que nous nous proposons d’affranchir et les héritiers des hommes et des femmes devront, nonobstant tout empêchement et tout motif de retard, accourir à leur frais au premier jour. Durant ces jours nous donnerons à chacun desdits hommes six deniers parisis chaque fois que notre église les mandera. Si les dits hommes, par le fait de notre ordre, sont imposés d’une amende ou tombent en excommunication ou sont incarcérés, nous seront tenus de les libérer.
Nous déclarons encore aux dits hommes que si l’un d’entre eux ou de leurs héritiers contracte mariage à Nanterre ou ailleurs avec une femme de condition servile ou si les femmes de Nanterre contractent mariage à Nanterre ou ailleurs avec des hommes de condition servile, néanmoins tant les femmes que les hommes, qui contracteront mariage dans de telles conditions restent à jamais les serfs et les serves de notre église.

Donné l’an du Seigneur 1247, au mois de mars.

Quant à nous, nous approuvons, à la prière desdits abbés et couvent et desdits hommes et femmes, ces lettres d’affranchissements telles qu’elles sont rapportées ici et, comme gage de notre volonté, nous avons authentifié cette charte de notre sceau.

Donné à Gisors l’an du Seigneur 1247, au mois de mars.

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serfs_paysans_enluminuresCalendrier du Rustican

de Pierre de Crescent, vers 1306. Enluminure du XVe siècle.

Le calendrier du Rustican, datant du XVe siècle, représente pour chaque mois le travail agricole dominant (sauf pour le mois de mai qui est illustré par une activité seigneuriale, d’ailleurs souvent néfaste aux paysans : piétinement des récoltes par la cavalcade des chasseurs).

Janvier : il cure les fossés avec une houe.
Février : il épand du fumier avec une hotte et une bêche.
Mars : il taille la vigne avec une serpe.
Avril : il tond les moutons avec des « forces ».
Mai : il continue les travaux en vue de la prochaine récolte, tandis que le seigneur chasse au faucon.
Juin : il récolte le blé et le foin avec une faux.
Juillet : il moissonne les céréales avec une faucille.
Août : il bat les épis des céréales au fléau.
Septembre : ce sont les semailles, il laboure avec l’araire et sème des graines « à la volée ».
Octobre : il foule le raisin avec les pieds pour en extraire le jus qui donnera le vin.
Novembre : il pratique la glandée, grâce à un bâton lancé qui fait tomber les glands des chênes ou les faines des hêtres qui serviront pour engraisser ses porcs.
Décembre : il tue le/les cochon(s).

 

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Article dans Nanterre-Info
L’affranchissement des serfs de Nanterre – mars 2016

 

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