Le 22 août 1914 fut la journée la plus meurtrière de toute la Première Guerre mondiale pour les Nanterriens mobilisés. Vingt-deux d’entre eux trouveront la mort sur le champ de bataille au cours de cette seule journée.
Ce 22 août 1914 fut aussi le jour le plus meurtrier de l’Histoire de l’armée française. En effet, 27 000 soldats vont tomber dans les combats dont 17 000 dans les Ardennes belges (quatre fois plus qu’à Waterloo) et près de 7 500 dans les combats autour de Rossignol.
A la fin de la Grande Guerre, 1 350 000 soldats français auront été tués pour une population totale de 40 millions d’habitants. A Nanterre, on décomptera 849 morts, pour une population de la ville de 16 701 habitants, compte non tenu des 4 524 pensionnaires de la Maison de Nanterre (recensement de 1911).
Vous trouverez dans cet article : chapitres accessibles directement en cliquant sur leur titre.
- Quelques rappels de dates concernant le début de la Première Guerre Mondiale
- Les conditions d’attribution de la mention « Mort pour la France » et les règles d’inscription sur les Monuments aux Morts>
- Les premiers Nanterriens « Morts pour la France » dont les vingt-deux victimes des terribles combats du 22 août 1914>
- Qui étaient le plus jeune et le plus âgé d’entre eux >
- Des éclairages sur quelques batailles importantes où sont tombés des Nanterriens.>
- Une liste pour accéder directement à la fiche « Mémoire des Hommes » de chacun d’eux >
- Un accès direct à quelques « Historiques Régimentaires » et « Journaux des Marches et Opérations (JMO).
Quelques rappels de dates concernant le début de la Première Guerre mondiale.
Le 1er août 1914, la mobilisation générale est décrétée en France et en Allemagne.
Le 3 août 1914, l’Allemagne déclare la guerre à la France. Les troupes allemandes pénètrent en Belgique par la région d’Aix-la-Chapelle. Ce qui constitue une violation de la neutralité belge prescrite par un traité.
21 août 1914 : début de la Bataille de Charleroi et de la Bataille des Ardennes (voir plus bas) qui vont provoquer de très nombreuses victimes.
«Mort pour la France» et inscription sur le Monument aux Morts
L’attribution de la mention «Mort pour la France» relève de la décision d’un tribunal après la transmission de la fiche individuelle du soldat décédé par les autorités militaires. Le tribunal notifie cette décision à la mairie de la commune de naissance ou/et du dernier domicile connu.
Pour que le nom d’un combattant puisse être gravé sur le Monument aux Morts d’une commune, plusieurs conditions doivent être réunies:
– avoir été reconnu « Mort pour la France »
– être né dans la commune ou y être domicilié à la date du décès
– absence d’opposition de la famille.
Les premiers Nanterriens « Morts pour la France » dont les vingt-deux victimes des terribles combats du 22 août 1914.
Dès le 15 août 1914, Auguste Alphonse DELAVILLE est le premier Nanterrien à tomber au combat, suivi le 20 août de Marcel Eugène BERTEAUX, d’Albert Jules DUBREUCQ, de Louis François DUVAL et le 21 août d’Eugène Patrice MAURETTE. Puis viendront les vingt-deux morts du 22 août.
Auguste Alphonse DELAVILLE, né à Paris, affecté au 8ème Régiment d’Artillerie, meurt à 22 ans le 15 août 1914 à Réchicourt, dans la Somme. Il habitait à Nanterre, 57, avenue Félix-Faure et exerçait le métier de professeur de culture physique.
Ceux du 22 août 1914
La bataille des frontières en France
Auguste Célestin PETIT, né à Moret, en Seine-et-Marne, affecté au 31ème RI, meurt à 26 ans à Cutry en Meurthe-et-Moselle. Il habitait à Nanterre, rue des Pavillons-Prolongée et exerçait le métier d’ouvrier maçon ; marié à Maria RIOLLET, celle-ci bénéficie d’un secours de 150 francs, ce qui représentait une somme importante en 1914.
Paul SULPICE, né à Montreuil, affecté au 46ème RI, meurt à 24 ans à Cosnes, en Meurthe-et-Moselle. Il habitait à Nanterre, 9, rue du Tir et exerçait le métier de mécanicien. Mesurant 1,82 m, il était grand pour cette époque. Il est inhumé dans l’ossuaire de Cosnes et Romain et son nom est gravé sur la plaque apposée sur le monument érigé dans le cimetière de Cosnes en mémoire des soldats du 46ème et 89ème RI « Morts pour la France » le 22 août 1914.
Maurice Eugène PAYOT, né à Levallois, affecté au 150ème RI, meurt à 22 ans à La Ville-en-Montois, en Meurthe-et-Moselle. Il habitait à Nanterre, rue des Fontenelles et exerçait le métier de plombier couvreur.
Alfred Eugène LESAGE, né à Nanterre, affecté au 150ème RI, meurt à 21 ans à Joppécourt, dans la Meuse. Il habitait à Nanterre, route du Mont-Valérien et exerçait le métier de tapissier. Son nom est gravé sur la plaque commémorative de la Papeterie de la Seine.
Victor Jules MARCHAND, né à Nanterre, affecté au 154ème RI meurt à 23 ans, à Joppecourt, dans la Meuse. Il habitait à Nanterre, rue des Bouvets et exerçait le métier de chiffonnier. Disparu au cours de la bataille, il est décoré, à titre posthume, de la Médaille Militaire et de la Croix de Guerre.
Jules JACQUEMIN, né à Paris, affecté au 151ème RI, meurt à 25 ans, porté disparu au cours des combats de Pierrepont, en Meurthe-et-Moselle. Il habitait au Rond-Point des Bergères et exerçait le métier de coupeur chemisier.
Justin Jean COUDERC, né à Bordeaux, affecté au 31ème RI avec le grade de caporal, meurt à 20 ans à Cudry-en-Moselle. Il habitait à Nanterre au 7, avenue de la Gare.
Paul Marcel BURON, né à Paris, affecté au 24ème RI avec le grade de caporal, meurt à 26 ans à Anderlues, dans la Somme. Il exerçait le métier de comptable. Disparu au cours des combats, les autorités militaires sont informées de son décès à Anderlues par la Croix-Rouge de GenèveLa bataille des frontières en Belgique
Adolphe Louis DELAGE, né à Paris, affecté au 59ème RI, meurt à 21 ans à Bertrix, en Belgique. Il habitait à Nanterre au 75, avenue de la République et exerçait le métier de menuisier.
Jules Henri VILLETTE, né à Nanterre, affecté au 74ème RI, meurt à 23 ans, porté disparu à Roselies, au cours de la bataille de Chatelet, en Belgique. Sportif, il était adhérent à la Nanterrienne. Il habitait à Nanterre au 15, rue du chemin de fer et exerçait le métier de menuisier.
Lucien Louis PROVOST, né à Montesson, affecté au 36ème RI, meurt à 24 ans, porté disparu à Chatelet-Charleroi, en Belgique. Il habitait à Nanterre au 59, rue de la Croix et exerçait le métier de musicien. Un secours de 150 francs est accordé à sa mère.
Georges Alexandre BEAUVALLET, né à Pithiviers, dans le Loiret, affecté au 101ème RI, meurt à 23 ans à Ethe, en Belgique. Il habitait à Nanterre au 20, route de Paris et exerçait le métier de ferblantier. Il était marié avec Emilienne MOUTARDIER. Son nom est gravé sur la plaque commémorative de la Papeterie de la Seine.
Arthur Ludovic DUTOIT, né à Chatou, affecté au 21ème RIC, meurt à 26 ans, porté disparu à Neufchâteau, en Belgique. Il habitait au 34, rue de la Croix et exerçait le métier de charretier.
Émile HUIN, né à Nanterre, affecté au 23ème RI, meurt à 26 ans à Neufchâteau, en Belgique. Il exerçait le métier de couvreur plombier. En 1909, il fut dispensé de service militaire au titre de soutien de famille. Il fut mobilisé en 1914.
Léon LAMBLET, né à Onlay, dans la Nièvre, affecté au 21ème RIC, meurt à 25 ans, porté disparu à Neufchâteau, en Belgique. Il habitait à Nanterre au 69, avenue de la République et exerçait le métier de cultivateur.
Marcel MARSY, né à Paris, affecté au 23ème RIC, meurt à 21 ans, porté disparu à Neufchâteau, en Belgique. Il habitait à Nanterre, place de la Boule et exerçait le métier de mouleur en machines.
Félix THABEAU, né à Pleyber-Christ, dans le Finistère, affecté au 23ème RIC, meurt à 26 ans, porté disparu à Neufchâteau, en Belgique. Il habitait à Nanterre au 34, rue Victor-Hugo et exerçait le métier de monteur en fer.
Maurice Arthur GAUTHERET, né à Nanterre, affecté au 74ème RI, meurt à 22 ans à Roselies, en Belgique. Il habitait à Nanterre au 8, rue Lamartine et exerçait le métier de maçon.
Antoine CUZOL, né à Nanterre, affecté au 113ème RI, meurt à 25 ans à Signeulx, en Belgique. Il habitait à Nanterre au 89, rue de Colombes et exerçait le métier de conducteur d’auto. Inhumé dans le carré des « Morts pour la France » au Cimetière du Centre. Son nom est gravé sur la plaque commémorative de la Papeterie de la Seine.
Émile Charles RAPPENEAU, né à Nanterre, affecté au 4ème RI, meurt à 24 ans, porté disparu à Signeulx, en Belgique. Il exerçait le métier de plombier.
Louis LE STRAT, né à Courbevoie, affecté au 3ème RIC, meurt à 21 ans, porté disparu à St-Vincent-Rossignol, en Belgique. Il habitait à Nanterre au 2, route de Paris et exerçait le métier de charretier. Il était engagé volontaire dans l’armée.
Arthur Pierre RULLIER, né à St-Aigulin, en Charente Maritime, affecté au 3ème RIC, meurt à 26 ans à St- Vincent-Rossignol, en Belgique.
Les Nanterriens « Morts pour la France », le plus jeune et le plus âgé
Constantin Marcel HAYE, né à Paris, affecté au 46ème RI, meurt à 18 ans à Meurissons, dans la Meuse. Il habitait à Nanterre au 65, rue de Colombes et exerçait le métier de comptable.
Louis Julien THIBIERGE, né à Champs-St-Père, en Vendée. Capitaine au 1er Régiment de Zouaves, il meurt à 51 ans, le 16 février 1919, à son domicile de Nanterre des suites des blessures reçues au combat. Avant son engagement volontaire dans l’armée en 1886, il était employé à l’École Centrale des Arts. Il effectue de nombreuses campagnes en Tunisie (2), Algérie (2), Chine. Il avait été promu capitaine en juillet 1915, lieutenant en octobre 1914, adjudant en décembre 1898, sergent en mai 1888, caporal en septembre 1886.
Quelques batailles où tombèrent des Nanterriens
La Bataille des Ardennes
Le relief et le massif forestier compartimentent le champ de bataille. Chaque route, chaque clairière correspondent à un combat franco-allemand lors de la journée du 22 août. Les armées françaises et allemandes vont s’affronter à Mercy-le-Haut, Ville-au-Montois, Doncourt, Cutry, Romain, Baranzy, Ethe, Virton, Bellefontaine, Rossignol, Neufchâteau, Nevraumont, Bertrix, Anloy et Maissin. Comme les Français ne s’attendaient pas à se battre avant quelques jours de marche, c’est en colonnes qu’ils affrontent les Allemands déployés pour un combat de rencontre. Dans presque tous les cas, les combat s’achèvent par des défaites françaises, les pertes s’accumulant notamment autour de Rossignol (11 900 hommes, dont trois généraux) et 5 000 prisonniers ; la bataille d’Ethe se termine avec 3 500 soldats tués. Un corps d’armée français est mis en déroute autour de Bertrix.
Le bilan de la journée du 22 août dans les Ardennes s’élève 17 000 morts pour les Français et 9 000 pour les Allemands.
Le village de Signeulx est le théâtre d’un violent affrontement où 1 200 soldats Français tombent sous le feu des mitrailleuses ennemies.Jean Galtier-Boissière, caporal français au 31ème RI raconte son baptême du feu près de Longwy le 22 août. Dans ce Régiment servait aussi Auguste Célestin PETIT qui a trouvé la mort à Cutry.
« Soudain, des sifflements stridents qui se terminent en ricanements rageurs nous précipitent face contre terre, épouvantés. La rafale vient d’éclater au-dessus de nous […] Les hommes, à genoux, recroquevillés, le sac sur la tête, tendant le dos, se soudent les uns aux autres… La tête sous le sac, je jette un coup d’œil sur mes voisins : haletants, secoués de tremblements nerveux, la bouche contractée par un affreux rictus, tous claquent des dents; leurs visages bouleversés par la terreur rappellent les grotesques gargouilles de Notre-Dame. Dans cette bizarre posture de prosternation, les bras croisés sur la poitrine, la tête basse, ils ont l’air de suppliciés qui offrent leur nuque au bourreau. Cette attente de la mort est terrible. Combien de temps ce supplice va-t-il durer ? Pourquoi ne nous déplaçons-nous pas ? Allons-nous rester là, immobiles, pour nous faire hacher sans utilité ? »La bataille de Joppécourt
Un bataillon du 150ème RI quitte Joppécourt pour occuper et défendre Ville-au-Montois.
Les fantassins français qui se battent près de Joppécourt se replient ensuite vers la ferme du Chanois, une grosse ferme isolée qui se trouve à 2 km au sud de Joppécourt. Ils organisent une ligne de défense à proximité de la ferme.
Vers 19h00, les Allemands ont pris Joppécourt. Les chasseurs du 26ème BCP, renforcés par quelques éléments des 150ème, 154ème et 155ème RI établissent une ligne de défense près de la ferme du Chanois, le long de la route qui va de Boudrezy à Mercy-le-Bas.
Après un combat de deux heures environ, ils se replient vers l’Ouest. C’est le 26ème BCP qui assure l’arrière-garde.Toutes les batailles livrées entre le 8 et le 24 août 1914 se soldent par des désastres. Le recul est général, la Belgique submergée, et les Allemands sont installés sur le sol français pour quatre ans. Ces semaines furent les plus sanglantes du conflit : en seize jours, la France déplore autant de morts qu’à Verdun durant les quatre premiers mois de la bataille défensive, de février à juin 1916.
Pour accéder directement à la fiche « Mémoire des hommes » de chacun des Nanterriens cités plus haut.
Pour accéder à la fiche « Mémoire des Hommes » il suffit de cliquer sur l’affichage de son nom ci-dessous. Cette action ouvrira la fiche sur le site « Mémoire des Hommes » ouvert sur le site du Service Historique de la Défense (SHD) dépendant du Ministère des Armées qui se présente comme sur l’image ci-dessous.
En cliquant sur le visuel représentant un œil situé à droite de l’indication ‘images » pointée par une flèche rouge rajoutée ci-dessus, vous provoquez l’ouverture de la fiche « Mémoire des Hommes » comme suit.
Liste pour accès aux fiches « Mémoire des Hommes »
BEAUVALLET Georges Alexandre
BURON Paul Marcel
BERTEAUX Marcel Eugène
COUDERC Justin Jean
CUZOL Antoine
DELAGE Adolphe Louis
DELAVILLE Auguste Alphonse Georges
DUBREUCQ Albert
DUTOIT Arthur Ludovic
DUVAL Louis François
GAUTHERET Maurice Arthur
HAYE Constantin Marcel
HUIN Emile
JACQUEMIN Jules
LAMBLET Léon
LE STRAT Louis
LESAGE Alfred Eugène
MARCHAND Victor Jules
MARSY Marcel
MAURETTE Eugène
PAYOT Maurice Eugène
PETIT .Auguste Célestin
PROVOST Lucien Louis
RAPPENEAU Emile Charles
RULLIER Arthur Pierre
SULPICE Paul
THABEAU Félix
THIBIERGE Louis Julien
VILLETTE Jules Henri
Un accès direct à quelques «Historiques régimentaires» et J.M.O.
A l’inverse des Journaux de marche et d’Opérations (J.M.O.) documents rédigés, par les officiers de chaque régiment, le plus souvent manuellement, au jour le jour , l’autre document relatant les évènements vécus par le régiment, les «Historiques Régimentaires», documents imprimés souvent illustrés de photos, ont été établis à postériori et « corrigés » par les autorités militaires.
Pour accéder au document cliquer sur le nom du régiment.
Historique régimentaire du 23ème RIC
JMO du 23ème RIC –
2 Août au 31 décembre 1914
Historique du 1er Régiment de Marche de Zouaves
-
J.M.O du 46ème RI
2 août 1917 au 27 septembre 1916
Historique du 46ème RI
Historique du 8e régiment d’artillerie
- Les Historiques et Journaux des Marches et Opérations de la plupart des régiments, bataillons, … sont accessibles directement sur le site « Mémoire des Hommes » ouvert sur le site du Service Historique de la Défense (SHD) .
Historiques régimentaires engagées dans la Première Guerre mondiale
Journaux des unités engagées dans la Première Guerre mondiale
Sources: Monument aux Morts de Nanterre situé dans le parc des Anciennes-Mairies, Archives Municipales de Nanterre, Cimetières de Nanterre, Archives Départementales de Paris, Versailles et Seine-et-Marne, site internet « Mémoire des Hommes ».