Parmi les premières villes de France à créer des crèches en 1847, Nanterre n’a cessé d’œuvrer dans ce sens depuis.
Voici cette longue histoire en trois épisodes.
1 – Depuis le XIXe siècle…
2 – De la bienfaisance aux débuts du service public
3 – L’ère moderne de la première enfance
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Depuis le XIXe siècle…
Jusqu’au XIXe siècle, dans un village de campagne comme Nanterre, c’est la mère qui s’occupe de son enfant et qui l’allaite. Toutefois, dans les villes, les familles aisées ont recours à des nourrices à domicile, tandis que les femmes qui travaillent (artisanat, commerce) confient leur enfant à une nourrice qui habite près de chez elles ou bien placent leur bébé à la campagne, chez une nourrice qui l’allaitera pendant un an ou deux. Les registres paroissiaux et ceux de l’état civil gardent la trace de nourrices nanterriennes qui s’occupaient de jeunes enfants nés dans des familles parisiennes. Ils témoignent également d’un taux de mortalité infantile très élevé.
Crèche et bienfaisance.
Avec l’essor industriel, lorsque les mères travaillent dans des usines, la nécessité de garde des jeunes enfants touche des familles plus modestes qui n’ont pas toujours les moyens de payer une nourrice. En 1844, à Paris, pour leur venir en aide, Firmin Marbeau, homme politique catholique et philanthrope, a l’idée de créer une crèche, c’est-à-dire de réunir des enfants, âgés de quinze jours à trois ans, dans un local où ils sont gardés par des femmes bénévoles. N’y sont admis que les enfants en bonne santé dont les mères travaillent au-dehors et sont légitimement mariées. Cette initiative, encouragée par la presse, les autorités administratives et religieuses, se développe petit à petit. À Nanterre, le 4 novembre 1847, le conseil municipal délibère à ce sujet et, par vote unanime, concède au bureau de bienfaisance un bâtiment attenant à l’église, afin que les enfants pauvres âgés de un à deux ans puissent y être accueillis gratuitement. La direction doit être confiée à une femme capable, par sa douceur et ses soins, d’en remplir les fonctions maternelles. Si elle est rétribuée, la charge en revient au bureau de bienfaisance. Il ne semble pas que le projet se soit réalisé.
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2 – De la bienfaisance aux débuts du service public
Une crèche en 1876
En 1876, il existe une crèche tenue par les sœurs de Saint-Vincent-de-Paul, au n°60 de la rue Saint-Germain (Henri-Barbusse aujourd’hui), où les bébés sont gardés gratuitement. À cette même adresse, les sœurs s’occupent également d’une salle d’asile (école maternelle) et d’une école élémentaire de filles. Lorsqu’en 1887 le conseil communal leur propose un nouveau local pour la crèche, local situé au n°7 de la rue de la Mairie (Anciennes-Mairies aujourd’hui), les sœurs refusent de s’y installer car, pour des raisons de commodité, elles préfèrent que leurs activités soient regroupées au même endroit. Ce refus n’empêche pas le transfert de la crèche. Toutefois, il induit des changements, car les enfants sont désormais gardés par une surveillante et des femmes de service rétribuées. La gratuité n’est plus de mise, les parents doivent payer une rétribution. La crèche est ouverte tous les jours, sauf les dimanches et jours de fête, pendant quinze heures au printemps et en été, et pendant douze heures en automne et en hiver. Elle dispose de douze berceaux et de dix-huit places dans des lits de camp. Cette œuvre de bienfaisance est désormais gérée par un conseil
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3 – L’ère moderne de la première enfance
Le troisième et dernier volet consacré aux crèches débute après-guerre, en 1945, dans une France qui va se reconstruire grâce aux efforts de toutes et tous.
Pour lutter contre la mortalité infantile, l’ordonnance de novembre 1945 institue le système de la Protection maternelle et infantile. L’accent est mis sur l’hygiène et la santé de l’enfant. Dans ce contexte, la municipalité achète la propriété Nadal, sise 1 rue Rigault, afin de créer une crèche collective. Inaugurée le 28 septembre 1947, elle est ouverte du lundi au samedi pour accueillir, jusqu’à l’âge de 3 ans, les enfants dont les parents travaillent.
En arrivant, les enfants sont déshabillés, une « tatie » leur fait la toilette, puis leur enfile des vêtements prêtés par la crèche. Après le goûter les enfants sont à nouveau lavés. Les crèches ressemblent à des services hospitaliers car on craint les épidémies. Sous la direction d’une sage-femme, deux équipes de « berceuses » donnent les soins corporels, les repas, surveillent les siestes, les séances « pot » et une aide-puéricultrice anime les activités. Tous les enfants se retrouvent dans le même groupe. Le personnel qui s’occupe des enfants doit également repriser le linge, le plier et le repasser. Le linge est lavé sur place, par une femme de ménage, dans la buanderie équipée d’énormes bacs à linge, d’une essoreuse et d’une armoire séchante.