Quand de nouvelles fouilles archéologiques s’engagent à l’hôpital Max-Fourestier à Nanterre en lien avec son projet de rénovation, il est utile de se souvenir qu’un trésor monétaire y fût découvert le 15 mars 1904. Mis au jour par hasard dans le sous-sol d’une cour de la Maison de Nanterre d’alors, ce trésor était initialement composé de 1.968 monnaies romaines. L’ensemble, conservé dans les réserves du musée Carnavalet à Paris, en compte désormais 1.862.
Le sous-sol de Nanterre est riche d’informations sur sa longue histoire. Pour ce qui est de la fin de l’âge du fer et de la protohistoire, celle-ci commence avec la fondation par les Gaulois, il y a plus de deux mille ans, d’une ville très importante, au bord de la Seine. L’archéologie préventive joue un rôle essentiel pour notre connaissance.
Les apports de l’étude des monnaies
Dans cet esprit, il est judicieux de réinterroger cette « trouvaille de Nanterre ». La science numismatique aide à comprendre la situation politique et économique, les dates importantes, l’évolution de la population qui vivait sur notre territoire, à un moment donné. L’examen minutieux des monnaies du trésor de Nanterre enseigne que les plus anciennes pièces datent de 193 apr. J.-C., c’est-à-dire sous le règne de l’empereur Septime Sévère, et les plus récentes de 257 apr. J.-C., sous le règne de Gallien. Le trésor est composé de deniers et d’antoniniens. Ce sont des monnaies en alliage d’argent et de cuivre. Elles ont un diamètre d’environ 18 à 20 mm avec, au début, une proportion d’argent de 80 %, laquelle diminuera constamment, au fil des décennies et de l’inflation, pour se situer à environ 45 % en 257 (et moins de 20 % vers 300).
Depuis 52 av. J.-C., la Gaule était romanisée et la monnaie gauloise avait cessé de circuler. La Gaule faisait partie intégrante de l’immense Empire romain et Nanterre, après avoir été une grande ville gauloise, était romanisée elle aussi. Du point de vue politique, la période est très troublée. Après deux siècles d’essor économique et social, et une stabilité politique traduite par une extension maximum de l’Empire romain au IIe siècle, l’Empire devient instable à partir des premières décennies du IIIe siècle. La pax romana se termine bel et bien. Sur la période de soixante-quatre ans que couvre le trésor de Nanterre, ce ne sont pas moins de 16 empereurs qui se succèdent, auxquels il faudrait ajouter des coempereurs.
Et, pour ce qui est des effigies sur l’avers des monnaies, on trouve aussi les épouses de certains empereurs, voire leurs enfants. Au total, 35 personnages vivant au cours de cette période sont représentés dans ce trésor.
Enfouir sa richesse pour se protéger
Ces troubles politiques, auxquels il faut associer une importante dégradation économique, ont conduit à un sérieux abaissement de la qualité de vie des populations. De nombreuses causes sont en jeu. L’année 235 marque l’entrée dans une période que les historiens nomment l’Anarchie militaire. Aux soubresauts politiques, se mêlent des épidémies, un réel changement climatique (oui, déjà !) et les invasions barbares, conduisant les citoyens de l’Empire à se protéger et, notamment, à enfouir leur avoir sous la forme de dépôts monétaires.
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Voir aussi l’extrait du documentaire « Qui a tué l’Empire romain? » réalisé en 2022 par Frederic Wilner et diffusé par Arte.
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Fouilles archéologiques et Histoire de Nanterre
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