Il est revenu à Nanterre… le buste du Docteur Pierre – octobre 2021

Mais qui était Pierre Mussot ???
Pierre MUSSOT est né le 9 février 1801 à Paris. Dernier né de  Martin Mussot et de Marie-Paule Houdaille, il a deux frères et une sœur. Son père, marchand de bois aisé, deviendra parfumeur.
On ne connait que peu de choses de l’enfance de Pierre MUSSOT, à part qu’il devient orphelin de père à l’âge de onze ans. Son frère ainé Paul Martin, reprend le commerce de bois du père, ce que confirme l’annuaire Bottin de 1837. On découvre aussi que Pierre y a exercé une fonction puisqu’on le retrouve inscrit sous cette profession sur la liste du tirage au sort en 1821 concernant la conscription.

Exempté du service militaire en raison d’une blessure à la jambe, il s’inscrit en 1827 à L’École de Médecine et obtient son diplôme en 1833. Ce diplôme de médecin sera l’argument essentiel de promotion de sa marque qu’il va créer car de beaucoup de ses concurrents ne peuvent que se prétendre professeur, docteur… L’annuaire Bottin de 1837 confirme son  installation en tant que médecin à Tivoli.

Au cours de ces années, ayant sans doute constaté le mauvais état des dents de ses contemporains, le jeune docteur met au point une eau et une pâte dentifrice. Il introduit dans sa préparation la menthe poivrée aux propriétés antiseptiques et aromatiques reconnues. Et la gazette médicale de Paris recommande son eau-dentifrice en indiquant l’existence d’un dépôt au 14, rue Montmartre à Paris.

Le succès d’une marque
Les produits sont commercialisés sous le nom « du Docteur Pierre ». La qualité de médecin attestée par un titre officiel délivré par l’Académie de médecine le distingue des charlatans inventeurs de poudres, d’eaux, d’élixirs, d’opiats et autres remèdes miraculeux ancestraux, dont les effets peuvent se révéler redoutables. Un élément fondamental du succès de la marque.

Pierre Mussot meurt le 25 janvier 1860, à Paris. Puisqu’il n’est pas marié et sans enfants, sa nièce Pauline hérite de l’affaire. Le 3 avril 1864, elle épouse Charles Alexandre Hubert Chouët, avocat. Celui-ci crée la société A. Chouët et Cie et donne une nouvelle impulsion à la marque en réservant une large place à la publicité, déjà moyen moderne de communication. À l’égal des grands parfums, des présentations luxueuses et variées magnifient les produits. Les plus grands noms de l’illustration réalisent les affiches et les supports graphiques publicitaires qui séduisent le public et induisent l’acte d’achat. La marque du Docteur Pierre s’impose sur le marché international.

L’usine établie à Asnières doit être agrandie. Le site de Nanterre présente tous les avantages : moindre coût du terrain, surface nécessaire disponible, possibilité d’extension de la culture de la menthe, proximité immédiate de la gare sur la ligne de chemin fer historique Paris-Saint-Germain, accueil favorable des édiles locaux. L’architecte Albert Aubert conçoit un long édifice composé d’un avant-corps central couronné d’un dôme coiffé d’une lanterne. Il est flanqué de deux corps latéraux terminés par deux ailes en retour côté cour. Les qualités esthétiques de l’ensemble, décoré par l’emploi de la brique, de la pierre et de la céramique, le font paraître comme un bâtiment civil de prestige qui atteste la prospérité de la marque.

L’œuvre de René Carillon sur un piédestal
En 1907, inauguration le buste en bronze du fameux docteur Pierre, réalisé par le sculpteur René Carillon (1871-1926). La cérémonie se déroule en présence du maire de Nanterre, Jules Gauthier, de ses adjoints, et des personnalités de l’industrie et du commerce de la ville. L’œuvre est disposée dans le jardin, devant la façade, sur un piédestal suffisamment haut pour être vu par les usagers du train.
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Le retour du buste du Docteur Pierre à Nanterre

Depuis 1907, et pendant près de 70 ans, le buste du docteur Pierre (Mussot) avait «trôné» dans les jardins de l’usine qui portait son nom à Nanterre. Il y avait été placé de telle façon que les voyageurs de la ligne historique de chemin de fer, de Paris à Saint-Germain, puissent bien le voir… Puis, le buste disparaît…

Jean-Pierre Barouch contacte la Société d’Histoire de Nanterre en 2020. Il est en possession du buste et propose d’en faire don à l’association. M. Barouch avait été chargé, en 1973, du « nettoyage » de l’usine, au moment de la fermeture de Forvil et de la vente à Natalys. Il avait alors sauvé le buste de la destruction !

La Société d’Histoire, devenue propriétaire du buste, confie donc à l’une de ses adhérentes, Morgana Borrull, par ailleurs architecte dans le secteur des monuments historiques, le soin d’en piloter la restauration, de dessiner et de faire fabriquer un nouveau socle, plus petit que l’original. Avec la complicité des responsables du nouveau restaurant ouvrant dans les anciens locaux de l’usine, il semble en effet préférable de reposer le buste à l’intérieur. Une chaîne de compétences, de soutiens et d’amitié se met alors en branle …

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