A hauteur du Pont de Rouen, au lieu-dit les « Grands champs », le chemin de Colombes se détache de l’avenue, pour la rejoindre plus loin au lieu-dit les « Côtes d’Hautil ». L’îlot ainsi formé reste longtemps isolé, au milieu des champs de blé, de luzerne, et des cultures d’asperges. Il se couvrira plus tard de modestes pavillons.
C’est sans doute la Maison départementale qui amorça le processus de lotissement dont un café restaurant hôtel, recevant les ouvriers du chantier puis les visiteurs des pensionnaires. L’industrialisation des environs immédiats au début du vingtième siècle et après la Guerre de 14-18 attire les ouvriers qui cherchent à s’établir sur place.
La ferme de madame Labaume où l’on vient chercher le lait après la traite cesse son activité. Les cultures sont progressivement abandonnées. Seul le nom des rues en garde le souvenir : rue de l’Agriculture, rue des Pâquerettes, rue des Marguerites.
Pavillons, maisonnettes de bois ou de carreaux de plâtre s’édifient en bandes étroites, épousant les formes du terrain. Beaucoup n’ont pas l’eau courante, et ne sont pas raccordés à l’égout.
Une épicerie buvette vend le vin à la tirette, un camion-citerne vient régulièrement alimenter les cuves peintes en rouge. Le vin du Postillon, en litres capsulés, fait figure de grand cru. Les familles y ont leur ardoise, qu’elles règlent quand la paye ou les allocations familiales arrivent. Un jour, un sinistre faire-part annoncera la mort du crédit, victime des mauvais payeurs. La boutique est imprégnée des odeurs mêlées de vin, de café, de calva, de Pernod, et de tabac, venues de l’arrière salle enfumée où claquent les dominos et les exclamations des joueurs de manille. Les discussions y sont particulièrement vives le samedi soir.
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