En ce froid petit matin du 22 janvier 1953, les habitants de la rue Diderot (au sud du quartier des Fontenelles, non loin de l’avenue Georges-Clemenceau) se préparent à vaquer à leurs occupations habituelles. Les uns partent au travail, les enfants se préparent pour l’école, les mamans s’occupent de leurs petits et de leur foyer.
7h, un vacarme retentissant
Dans ce coin de Nanterre où de modestes pavillons ont poussé comme des champignons, plusieurs familles d’émigrés italiens, fraîchement arrivées, se sont installées dans de petits logements, construits sur d’anciennes carrières transformées en champignonnières, et s’adaptent à leur nouvelle vie. Mais en un instant, terrible, vers 7h du matin, dans un vacarme retentissant, la terre s’effondre et s’ouvre sur une ancienne carrière qui les engloutit, eux et leurs maisons. Dans le quartier, c’est subitement la panique. Les voisins épargnés – ceux qui ont la chance d’avoir leur maison construite sur des parties « dures » – se précipitent hors de chez eux et se rendent compte de l’extrême gravité de la situation. De la plupart de ces maisonnettes accueillantes, il ne reste rien, que des gravats, des monceaux de gravats. Le spectacle est désolant. Un horrible chaos.
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Effondrement d’une carrière de la rue Diderot
Article publié en novembre 1995 dans le journal municipal Nanterre info:
La rue Sadi-Carnot autrefois vieux chemin de Paris
Effondrement d’une carrière de la rue Diderot
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Relogement des habitants
Dans le Dictionnaire Historique des rues de Nanterre, l’auteur, Claude Léonard, indique, à propos de la rue Paul-Vaillant-Couturier, : « C’est ainsi qu’en 1953, à l’angle de l’allée des Marronniers, la mairie fait construire un immeuble destiné à reloger les sinistrés de l’effondrement des carrières de la rue Diderot. » Photo du chantier ci-dessous
Extraits du Dictionnaire Historique des rues de Nanterre (de Claude Léonard) en lien avec cet article
DIDEROT (rue)
Voie publique longue de 173 mètres commençant rue de Neuilly et se terminant rue Montesquieu.
C’est une partie de la rue des Dignes Chiens à qui le Conseil municipal, dans sa délibération du 19 août 1932, donna le nom de l’écrivain et philosophe français (1713-1784) qui élabora une œuvre complète se montrant tour à tour théoricien, romancier, critique d’art, essayiste et dramaturge. De 1747 à 1772 il assuma la direction de l’Encyclopédie. Parmi ses œuvres principales on retiendra, les Pensées philosophiques, le Fils naturel, la Religieuse, Jacques le Fataliste, le Neveu de Rameau.
Ci-dessus une image IGN datant du 1er mai 1949 capturée sur le site « Remonter le temps » où l’on voit :
– en bas et à droite l’avenue Georges Clemenceau et les usines SIMCA,
– à gauche et en haut les carrières,
la rue Diderot est la première à partir de la gauche de la photo, ensuite, se trouve la rue Jean-Jacques-Rousseau; en haut des deux rues et les reliant le long du stade des usines SIMCA, court la rue Montesquieu.
DIGNES CHIENS (chemin puis rue des)
Ancienne voie de Nanterre débutant rue de Neuilly et se terminant en impasse dans la zone des carrières des Champs Pierreux.
En 1932 (Conseil Municipal du 19 août 1932) cette rue changea de nom, un tronçon devint la rue Diderot et un autre tronçon une partie de la rue J. J. Rousseau.
Elle doit son nom au lieu-dit « les Dignes chiens ».
Dans son « Etude de la région de Nanterre au Moyen-Age en 1969» Jeanne Claude Lambotte écrit que ce nom bizarre est la déformation de vignes chiens qui figure dans le registre des ensaisinements, parfois écrit vigne-jihu ou vignes chilus et dont on ne connaît pas l’explication.
Peut-être s’agit-il plus simplement d’une altération de dine chien qui désignerait alors un endroit où l’on faisait manger les chiens des meutes royales.
Rue Vaillant-Couturier et Allée des Marronniers
VAILLANT COUTURIER (rue Paul)
Voie longue de 1.580 mètres commençant place de la Boule et se terminant en limite de Suresnes au droit de la route des Fusillés de la Résistance.
C’est l’ancienne route du Calvaire empruntée par les pélerins se rendant au calvaire et à l’église dédiée à la Sainte-Croix, tous deux édifiés par un prêtre Hubert Charpentier entre 1634 et 1650.
Ces pélerinages cesseront définitivement en 1831, date à laquelle sera démoli le calvaire.
En 1841, la forteresse du Mont-Valérien est édifiée, et peu de temps après une route dite stratégique contournant le Mont-Valérien est ouverte dans le prolongement de la route du Calvaire. C’est le futur chemin de grande communication n° 3 qui, au début du 20ème siècle, deviendra la route du Mont-Valérien.
A cette époque la voie traverse une zone de carrières mais aussi de vignes et de vergers.
En 1904, la Compagnie des eaux de la banlieue de Paris installe une usine de traitement des eaux dans la partie haute de la route. Modernisée, elle alimente encore aujourd’hui les communes de la presqu’ile de Gennevilliers.
Non loin de là, au n° 270, est construite en 1936 la chapelle Sainte-Bernadette de l’architecte Venner.
En 1937, le Conseil municipal lui donne le nom de Paul Vaillant Couturier, fondateur et président de l’Association Républicaine des Anciens Combattants. Militant communiste actif, ardent défenseur du Front Populaire, il occupera les fonctions de rédacteur en chef de l’Humanité de 1926 à sa mort en 1937.
Le 21 février 1940, la délégation spéciale, qui administre la ville, décide de rétablir l’ancienne dénomination de la voie qui redevient rue du Mont-Valérien. Mais après la libération de Nanterre, le 7 septembre 1944, la municipalité annulera cette décision et la rue redeviendra rue Paul Vaillant Couturier nom qu’elle porte encore aujourd’hui.
L’après guerre voit la commune s’urbaniser et peu à peu les immeubles remplacent les pavillons. C’est ainsi qu’en 1953, à l’angle de l’allée des Marronniers, la mairie fait construire un immeuble destiné à reloger les sinistrés de l’effondrement des carrières de la rue Diderot. Sur ce même terrain, quelques années plus tard est réalisé un complexe sportif. Face à cet équipement, sur un vaste terrain acquis par la commune, l’Office Public d’H.L.M* de Nanterre réalise l’ensemble immobilier « les Damades » des architectes J. Darras et Y. Bedon.
En 1975, la Compagnie des Eaux de la Banlieue (C.E.B) confie, aux mêmes architectes, la construction de son nouveau siège au n° 300 de la rue. La fontaine monumentale est l’œuvre de l’artiste R. Juvin.
Enfin, en 1993, pour répondre aux besoins d’une population de plus en plus nombreuse la municipalité confie au cabinet d’architectes L.T.T.R. la construction à l’angle avec l’avenue des Marguerites d’un équipement comprenant une mairie de quartier, une crèche et une salle polyvalente.